Jean-Michel Fitremann

Jean-Michel

 

Jean-Michel Fitremann est né à Paris en 1944, à la fin de la seconde guerre mondiale, et décède à Nantes en 2010.

Etudes Scientifiques

Après ses études secondaires et classes préparatoires, il intègre l’Ecole Normale Supérieure, Rue d’Ulm, en 1963. Durant sa scolarité à l’Ecole (1963-1967), il obtient une licence de Physique et une licence de Mathématiques (équivalant actuellement à un Master). Il est également Agrégé de Sciences Physiques en 1967.

Ses débuts en recherche se sont orientés vers la géophysique, physique de l’atmosphère et astrophysique, domaine dans lequel il écrit un mémoire intitulé « Etude de la couronne solaire dans l’Infra-Rouge Lointain » en 1967. Il s’oriente ensuite vers la mécanique des fluides et se spécialise dans le domaine des écoulements multiphasiques. Il effectue ses recherches au Laboratoire de Mécanique Expérimentale des Fluides, laboratoire mixte CNRS-Université Pierre et Marie Curie, à Orsay de 1967 à 1980. Durant cette période, il développe des outils théoriques permettant la modélisation des écoulements multiphasiques dans différents domaines d’application tels que le transport du pétrole, les rejets et pollutions pétrolières, l’aéronautique, le génie chimique, les écoulements en milieu poreux, les comportements d’émulsions et de suspensions, et le dragage de nodules polymétalliques par aspiration d’air. L’originalité de ses travaux repose sur l’utilisation de la théorie mathématique des distributions qui lui permet d’obtenir un jeu complet d’équations pour décrire les écoulements biphasiques de fluides et solides non miscibles. De ces travaux sont issus sa thèse d’Etat, intitulée « Ecoulements diphasiques: théorie et application à l’étude de quelques configurations d’un écoulement gaz-liquide vertical ascendant », soutenue en 1977 à l’Université Pierre et Marie Curie. Il écrit également plusieurs publications scientifiques, ainsi que deux chapitres dans les Techniques de l’Ingénieur, toujours citées actuellement comme articles de référence dans les publications du domaine (Ecoulements diphasiques, Lois générales, A720, A721, 1982. Ecoulements diphasiques gaz-liquide, A 722, 1983).

En 1979, il crée le laboratoire des Ecoulements Multiphasiques à l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique à Nantes (aujourd’hui Ecole Centrale de Nantes), où il restera jusqu’en 1982. De 1964 à 1984, il travaille également comme consultant auprès de la SNECMA pour ce qui concerne la génération et la propagation de bruit dans les écoulements turbulents. Il travaille  également auprès d’autres entreprises industrielles (IFP, Elf, Total, Rolls,   Norsk Hydro, etc…) dans le domaine des fluides multiphasiques. Il fonde en 1980 avec d’autres collaborateurs la société Hydroscience, spécialisée dans les études sur les écoulements diphasiques et la réalisation de programmes de simulation pour le calcul et la prédiction d’écoulements di- et tri-phasiques dans différents équipements industriels (1980-1986). De 1978 à 1980, il est également Chargé de Mission auprès de la Direction Scientifique du CNRS, Département des Sciences de l’Ingénieur.

Etudes Psychologiques

Dès le début des années 80, il s’intéresse à la psychologie en entamant une psychothérapie personnelle, puis, en 1986, ouvre son activité de psychothérapeute libéral.

Il poursuit sa formation  à l’Université du Minnesota et à l’université Denis Diderot à Paris (1991/1995) où il obtiendra un DESS en psychologie clinique. Tout en poursuivant son activité professionnelle, il approfondit ses recherches théoriques et cliniques : il étudie les méthodes de la Gestalt et les méthodes Reichiennes, s’initie à diverses techniques de massage, se forme aux techniques du rebirth, découvre la dynamique des groupes et le psychodrame, et apprend divers outils tels que l’hypnose.

L’élaboration d’une vision plus unifiée de la psychologie restera un  principe de base de son activité de chercheur. L’éthologie, l’ethnologie et l’anthropologie, la mythogénétique, la psychologie et la psychanalyse, puis l’ajout de nombreux résultats de thérapie de ses clients lui serviront à fonder les grands principes de la psychologie structurale.

En effet, le recoupement est remarquable, au prix d’abandonner quelques idées préconçues et un certain nombre de concepts pionniers qui se sont révélés faux par la suite (bien que certaines écoles s’y accrochent encore).

Il se bat alors pour la promotion des idées de structuration psychologique, pour l’édification d’une véritable science de la psychologie sous le paradigme de la théorie des systèmes postmodernes.

Il démontre qu’une partie des théories psychologiques a été fondée sur  la base d’un paradigme inapproprié : celui de la physique. Il est primordial de rappeler que la physique est la science des corps matériels à l’exclusion de tout corps vivant qui répond à d’autres principes.

L’idée de comportements et de symptômes vient du paradigme de l’homme-machine, cher aux cartésiens, mais, ce qui est moins bien publicisé, c’est que le paradigme de Descartes ne s’applique qu’aux systèmes fermés exclusivement (principalement des systèmes physiques simples). Il est inapplicable aux systèmes ouverts et aux systèmes complexes (même physiques), et conduit alors à des résultats faux.

Or le corps humain et le psychisme sont des systèmes ouverts complexes typiques. Le principe de Descartes et le paradigme du symptôme ne s’y appliquent pas. En partant du principe que le symptôme n’est autre que le reflet d’une situation plurifactorielle qui évoluera selon la situation, le contexte et l’observateur, il focalise sa recherche sur les mécanismes immuables du psychisme. Il est donc vain de penser cause-effet, ou symptôme-traitement en psychologie, car cela n’a pas de sens.

Le modèle psychologique obéit, selon lui, à des phénomènes de parcimonie, d’extension, de validité et possède des  processus spécifiques à découvrir.

Ses recherches dévoilent ainsi les mécanismes sous-jacents, constants, comprenant des procédures innées fonctionnant en cycles ayant un déclenchement et un déroulement immuable.

C’est ainsi qu’il dégage ce qui va fonder la pierre angulaire de la psychologie structurale : les empreintes sont la constante du psychisme et ces processus construisent la base de notre psychisme.

Notre squelette psychologique se forme par la recherche active d’un petit nombre d’empreintes spécifiques, indispensables, essentielles, qui permettent ensuite de grandir et de se développer.

Il repère ainsi 5 empreintes fondatrices : l’empreinte de naissance, l’empreinte symbiotique, l’empreinte de séparation, l’empreinte de liberté, l’empreinte de passage.

L’ensemble de ces empreintes forme un être vitalisé, sécurisé, relationnel, autonome, libre de développer des aptitudes de penser et d’agir, prêt au parentage et à la vie collective et prêt à vivre l’expérience réelle qui confronte aux grandes lois de l’humain et au mystère qui est le lieu du tabou ultime.

Ce concept d’empreinte lui permet de mieux comprendre la création des systèmes complexes de psychopathologies : la suppression d’une ou de plusieurs empreinte essentielle, la confrontation à différents chocs. Cela le conduit alors à insuffler l’idée d’une possibilité de refonte des empreintes initiales et de la réhabilitation d’un psychisme infantile sain et complet au sein de la thérapie.

Jean-Michel Fitremann démontrera qu’il est possible de fonder un modèle psychologique autrement que sur des inférences faites à partir de discours ou d’attitudes vues en situation de vie sociale ou dans les cadres spéciaux des psychanalyses ou psychothérapies classiques.

Il appellera sa façon de travailler : la thérapie de l’archaïque.

Pour finir, son analyse psychologique des systèmes aura permis de souligner de quelle façon nos sociétés, donc ses membres, ne sont pas prêts à s’examiner, tant est fort le besoin de maintenir la société telle qu’elle est, même lorsque ses pratiques sont néfastes.

Il n’y a pas de surprise à constater que notre système de société produit de la psychose en masse, rappelait-il, et ceci par différents procédés : par détérioration systématique des facultés féminines et maternelles ; par détérioration systématique des facultés masculines ; par un modèle de société psychotisant imposé ; par le mépris de la terre et l’invention d’une « propriété » qui viole un tabou ; par la destruction systématique de  la symbiose humain-nature ; par imposition à l’humain, par la force, de nombreux dispositifs rendant fou dont le plus efficace est la séquestration de l’individu dès la naissance.

Beaucoup prétendent qu’il n’y a aucun rapport entre les faits subits dans l’enfance et les réactions qui surviennent plus tard. C’est exactement à ça que servent le paradigme cartésien et la causalité linéaire : en niant la psychologie, en prétendant « scientifique » les théories mécanistes, on se débarrasse ainsi des témoins gênants, de ceux qui justement parlent de ce qu’on leur a fait.